D'un coté, on peut se demander quel est l'intérêt de reprendre cette pièce telle quelle, sans adaptation, dans des décors réalistes, sous des lumières simples; apporte-t-elle quelque chose de nouveau, d'actuel au West End ? D'un autre coté, on se demande si de telles questions sont nécessaires pour cette comédie de boulevard assumée- là pour distraire, un point c'est tout.
La pièce s'articule autour d'une classe de danse donc, composée de huit élèves, une prof, et une pianiste. Toutes sont des femmes, à l'exception du timide Geoffrey. Dès le départ, chaque personnage a une personnalité bien définie. Trop définie, même- on est véritablement dans le domaine du cliché- de çà et là on trouve: une riche maniaque, une pauvre sans manières, une jeune gentille et douce, une prude, une suiveuse, et le cliché token d'une noire chrétienne exubérante.
Malgré tout, les acteurs se plongent volontiers dans leurs personnages, et font pour certains du très bon travail de leur répliques trop souvent vieillottes: Lesley Vickerage est touchante, vulnérable mais digne dans le rôle d'Andy, Judith Barker dans le rôle de Mrs Fraser la pianiste nous délivre un classique de la-vieille-exaspérée-qui-en-a-bien-trop-vu de manière extrêmement satisfaisante, et se révèle dans le deuxième acte être une excellente comédienne physique. La nouvelle venue Jessica Alice McCluskey est irrésistiblement sincère et désarmante de candeur, Dominic Rowan dans le rôle de Geoffrey présente avec brio un malaise et une timidité parfaitement British et la star du show, Amanda Holden dans le rôle de Vera, a bien plus de talent que sa célébrité de juge de télé-crochet veut nous faire croire: le rôle lui va parfaitement bien et elle fait preuve d'un très bon timing comique.
Le problème principal dans cette pièce est son rythme: un premier acte où il ne se passe rien, un deuxième acte où tout se passe en même temps. D'un coté on passe de longs moments à bavarder sans rien dire, de l'autre on se retrouve à faire face à des révélations dignes d'un soap opéra, tentatives maladroites d'apporter du volume à ces personnages en deux dimensions. Dommage car certains moments nous font deviner beaucoup sans rien dire; le metteur en scène Maria Friedman présente de belles transitions et ellipses entre les scènes, et certains moments de comédie physique ont énormément de potentiel, mais manquent de vivacité. Et pour une pièce sur un cours de danse, cela manque cruellement de musique!
Mais, comme presque toujours sur le West End, tout est pardonné lors d'un final dans les règles, où le décor révèle son ingéniosité (trop tard!) et les personnages sur scène, ainsi que les spectateurs, oublient leurs soucis pour danser à l'unisson. Une simple efficacité vue et revue, mais tout simplement irrésistible.
Stepping Out se révèle être une pièce de boulevard à l'anglaise, qui ne casse pas trois pattes à Fred Astaire, mais qui ne fait de mal à personne!